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L'euthanasie ou la médecine putzfrau

 

Qui ne connaît, du moins caricaturalement, le dynamisme de la femme de ménage (la putzfrau) helvétique à laquelle aucun grain de poussière ni aucun désordre ne résiste? Au point qu'après son passage dans une pièce ne subsisteraient plus, dans le meilleur des cas, que le mobilier et les murs. Tour le reste, considéré comme superflu ayant été éliminé pour faire place nette, "propre en ordre"

 

Ce sont ces mêmes principes méthodologiques que l'on inculque à la médecine actuelle.

Médecine qui, après avoir évacué les derniers relents d'hippocratisme, a accepté de devenir l'instrument du pouvoir et de son principal groupe de pression, les caisses-maladie, passant progressivement d'une médecine fonctionnaire à une médecine vétérinaire, soumise à l'incontournable adage du "qui paye commande".

Médecine labellisée par le curage des ventres féminins (10 à 12'000 avortements annuels en Suisse!). Et ne parlons pas de la philanthropique et bienveillante aide au suicide, en passe de devenir un must. Il est vrai que l'existence des malheureux fait désordre dans notre société hédoniste et que par conséquent, il est normal que l'instrument médical de l'Etat (et de ceux qui, prétendent-ils, le payent) nous en débarrasse.

Quand on voit, dans certains E.M.S., les yeux ternes et le visage inerte de nos vieillards, abrutis de calmants et rassemblés, assis en rang dans la grande salle tout l'après-midi, on peut comprendre cette médecine putzfrau. Bien sûr on pourrait dynamiser ces malheureux, mais une fois réveillés ils nécessiteraient une surveillance et une animation. Et cela coûte...! De plus ce spectacle est profondément déprimant... pour les jeunes et les bien portants et pourrait gâcher leur propre qualité de vie. Aussi exigent-ils un "droit à la mort" pour ces gens-là.

Rappelons, encore une fois certains faits. "En Suisse, la moitié déjà des morts impliquent une décision (euthanasie passive pour el moins)" d'après B. Kiefer de la Revue Médicale Suisse s'exprimant dans Le Temps du 9.10.2008. Selon l'enquête de l"European End of Life Decisions" publiée le 29.1.2007 par l'INED (Institut national d'études démographiques) et reprise par Le Monde, il appert "qu'entre un quart et la moitié des décès survenant en Europe ferait l'objet d'une décision médicale susceptible d'abréger la vie des patients." En Suisse, les "décisions médicales avec l'intention explicite de hâter la mort (arrêt des traitements ou administration de substances létales) concernent 21%... des décès", publié dans Oui à la Vie de mars 2007.

Comme l'affirmait le conseiller socialiste du président Mitterand Attali, cet Attila du troisième age, " Au point de vue de la société, il est préférable que la machine humaine s'arrête brutalement plutôt qu'elle ne se détériore progressivement... si l'on se rappelle que les deux tiers des dépenses de santé sont concentrés sur les derniers mois de la vie." On se souvient également de l'ordre de Hitler visant à l'anéantissement des malades mentaux en 1939, ordre rapporté au bout d'une année. On se doit également d'évoquer l'initiative du canton de Zürich, vers les années '70, en faveur de l'euthanasie active, acceptée par le peuple à une majorité de près de 100.000 voix, mais rejetée par le Conseil fédéral. Et l'on pourrait continuer les citations et les exemples. A quoi bon...

Les patients et les vieillards en fin de vie gênent l'économie et les bien-portants. Ah, il est bien oublié le serment d'Hippocrate! Pire, on constate que tous les "fleurons" de la barbarie nazie (avortement, eugénisme, euthanasie, etc.) sont en train de renaître et de s'épanouir dans ce qui fut la médecine des pays civilisés et qui, de plus en plus, devient une médecine putzfrau.

 

Ernest Truffer

7 janvier 2009